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Le Non-Voyage

13 février 2013

Le non-voyage

 

TELLIEZ

Manon

BTS 1 AP

 

 

Le non-voyage

3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dossier documentaire

« partir, venir » 15/02/13

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13 février 2013

Sommaire

 

Première et seconde introductions

 

I- Le non-voyage répond à la définition du voyage

 

 

 

        a)un retour sur soi

 

 

  • Simone de Beauvoir "La Force des choses"

 

        b) un besoin d'ailleurs

  • Birnbaum Jean "Pierre Bayard, voyageur casanier"

 

  • Véronique Durruty "Dormir en Voyage"

    c) un voyage réel

 

 

  • Thierry Maistre "Voyage autour de ma chambre"

     

 

 

II- Avec ses différentes méthodes

 

 

       a) Voyage clinique

 

 

  • Kai Hermann, Horst Rieck

 

"Moi Christiane F., 13 ans droguée et prostituée"

 

 

  • Théophile Gautier "La Pipe d'Opium".

 

 

       b) Voyage mental

 

 

  • Véronique Durruty "ROAD BOOK Voyageurs du monde"

 

 

  • Frédéric Lopez "Rendez-vous-en-terre-inconnue"

 

        c) Voyage spirituel.

 

 

  • Pascale Senk "Méditer, le voyage vers soi-même"

 

 

  • Etienne Daho "Les Voyages immobiles"

 

 

 

 

Bibliographie

 

Glossaire/ Lexique

 

Annexes

 

Première et seconde conclusions

 

13 février 2013

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I-Le non-voyage répond à la définition du voyage

a) un retour sur soi

 

Simone de Beauvoir, la Force des choses, autobiographie, 1963

 

     Je faisais des cauchemars chaque nuit. Il y en avait un qui revenait si souvent que j'en ai noté une version :

 

      « Cette nuit, un rêve d'une extrême violence. Je suis avec Sartre dans ce studio; le phono* repose sous son voile. Soudain, musique, sans que j'aie bougé. Il y a un disque sur le plateau, il tourne. Je manœuvre le bouton d'arrêt : impossible de l'arrêter, il tourne de plus en plus vite, l'aiguille ne peut pas suivre, le bras prend d'extraordinaires positions,     l'intérieur du phono ronfle comme une chaudière, on voit des espèces de flammes, et le luisant du disque noir, affolé; d'abord l'idée que le phono va se détraquer, une angoisse limitée, puis qui devient immense : TOUT va exploser; une rébellion magique, incompréhensible, c'est un dérèglement de tout. J'ai peur, je suis aux abois; je pense à appeler un spécialiste. Je crois me souvenir qu'il est venu; mais c'est moi qui finalement ai pensé à déconnecter le phono et j'avais  9 peur en touchant la prise; il s'est arrêté. Quel ravage ! le bras réduit à une espèce de brindille tordue, l'aiguille pulvérisée, le disque pulvérisé, le plateau déjà attaqué, les accessoires anéantis, et la maladie continuant à couver à l'intérieur de la machine ». À l'instant du réveil où je le récapitulai, ce rêve avait pour moi un sens évident : la force indocile et mystérieuse, c'était celle du temps, des choses, elle dévastait mon corps (ce misérable rogaton* de bras desséché), elle mutilait, elle menaçait de radical anéantissement mon passé, ma vie, tout ce que j'étais.

 

 

 

13 février 2013

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b) un besoin d'ailleurs

« Pierre Bayard, voyageur casanier »

Avec « Comment parler des lieux où l'on n’a pas été ? », l’écrivain réaffirme la puissance de la description littéraire

Je suis dans un vieux ballon qui se dirige vers Königsberg, rebaptisée par les Russes Kaliningrad. Silence absolu, calme complet, uniquement perturbé par les craquements de l'osier qui m'emporte. Le vol est si tranquille que je me remémore une aventure intellectuelle d'autrefois. Peut-être avez-vous pensé que c'est celle d'Emmanuel Kant qui passa sa vie à Königsberg, sa ville natale, et refusa de voyager par, disait-il, manque de temps.
Non, l'anecdote que je me remémore est liée à André Gide, au tout jeune Gide qui venait d'écrire Le Voyage d'Urien (1893), dont la dernière partie avait fait l'objet d'un tiré à part au titre séduisant, Voyage au Spitzberg. On raconte qu'un jour il alla voir son protecteur admiré, Mallarmé, et lui en donna un exemplaire. Mallarmé le regarda d'un air désarçonné. Comme le titre le suggérait, il avait cru qu'il s'agissait d'un voyage réel. Quand, quelques jours plus tard, il revit le jeune Gide, il lui dit : "Ah, comme vous m'avez fait peur ! Je craignais que vous ne soyez allé là-bas pour de vrai !"
Aujourd'hui, cette anecdote risque de ne pas être comprise dans toute sa subtilité, car nous nous sommes habitués à réduire les différences entre fiction et réalité. Avons-nous raison ? Je ne veux pas inventer ici des catégories, moins encore dégrader la "réalité", mais je tiens à préciser que ma sympathie penche toujours plus pour l'imagination que pour le document. Afin que les choses soient plus claires, je vais prendre un exemple, le récit d'un instant pour lequel j'ai de la sympathie : un jour, le poète W. H. Auden traversait les Alpes avec des amis et lisait attentivement un livre, tandis que ses compagnons n'arrêtaient pas de pousser des cris d'extase tant le paysage était majestueux ; il détacha pendant un dixième de seconde ses yeux des pages, regarda par la fenêtre du wagon et reprit sa lecture en disant : "Un regard suffit largement."
Cet épisode me rappelle don Quichotte qui saisit des éclats de la réalité et laisse l'imagination faire le reste. Ou Lao-tseu, spécialiste des voyages intérieurs : "On connaît le monde sans pousser la porte./ On voit les chemins du ciel sans regarder par la fenêtre./ Plus on va loin, moins on apprend."
Je reviens à l'imagination du chasseur d'éclats, celle qui se trouve au centre du nouveau livre de Pierre Bayard, Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ?, où apparaît l'hypothèse qu'il est plus facile de parler savamment et avec de plus larges connaissances d'un lieu où l'on n'est pas allé que de parler de lui après avoir fait la bêtise de le visiter. Malgré tout, je continue à glisser en ballon vers Kaliningrad. Je ne m'attends pas à voir grand-chose, mais je ne peux pas arrêter le ballon.
Quant à ma manière préférée de voyager, je dirai simplement que, très souvent, sans bouger de chez moi, j'écris au préalable ce que je vais vivre dans le voyage le plus immédiat que j'ai en vue et que, arrivé à mon point de chute, j'essaie - en général avec succès - de vivre ce que j'ai écrit.
Cela dit, je crois ...ù ils ne vont pas.
Parmi les cas évoqués par Bayard, Jules Verne est peut-être le plus paradigmatique*. Mais il en est d'autres qui ne sont pas à négliger : les techniques voyageuses de Chateaubriand ou celles du grand Emmanuel Carrère, les cas extravagants de Cendrars ou de Karl May...

J'ai surtout été ému par le cas d'Edouard Glissant qui montre à quel point est fragile la frontière qui sépare voyage et non-voyage. Voulant écrire un livre minutieux sur l'île de Pâques, mais ne pouvant s'y rendre en raison de problèmes de santé, Glissant avait trouvé un moyen astucieux d'y aller : y envoyer sa femme, Sylvie Séma, pour qu'elle lui rapporte des informations sur tout, et lui, bon voyageur casanier, était resté dans le fauteuil de sa maison. Au moment d'écrire le livre, grâce à une compénétration admirable entre eux, Glissant arriva avec son écriture à une extrémité impressionnante : en savoir plus sur n'importe quel coin de l'île de Pâques que le plus savant de ses natifs.

Jean Birnbaum, Le Monde, vendredi 27 janvier 2012


 

13 février 2013

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ROADBOOK 2 (5) Véronique DURRUTY, ROAD BOOK

ROADBOOK 2 (6)

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13 février 2013

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c) un voyage réel

 

 

Xavier de Maistre « Voyage autour de ma chambre »

 

CHAPITRE V

 

Après mon fauteuil, en marchant vers le nord, on découvre mon lit, qui est placé au fond de ma chambre, et qui forme la plus agréable perspective. Il est situé de la manière la plus heureuse : les premiers rayons du soleil viennent se jouer dans mes rideaux. - Je les vois, dans les beaux jours d'été, s'avancer le long de la muraille blanche, à mesure que le soleil s'élève : les ormes* qui sont devant ma fenêtre les divisent de mille manières, et les font balancer sur mon lit, couleur de rose et blanc, qui répand de tout côté une teinte charmante par leur réflexion. - J'entends le gazouillement confus des hirondelles qui se sont emparées du toit de la maison, et des autres oiseaux qui habitent les ormes : alors mille idées riantes occupent mon esprit ; et, dans l'univers entier, personne n'a un réveil aussi agréable, aussi paisible que le mien.
J'avoue que j'aime à jouir de ces doux instants, et que je prolonge toujours, autant qu'il est possible, le plaisir que je trouve à méditer dans la douce chaleur de mon lit. - Est-il un théâtre qui prête plus à l'imagination, qui réveille de plus tendres idées, que le meuble où je m'oublie quelquefois ? - Lecteur modeste, ne vous effrayez point - mais ne pourrai-je donc parler du bonheur d'un amant qui serre pour la première fois, dans ses bras, une épouse vertueuse ? plaisir ineffable*, que mon mauvais destin me condamne à ne jamais goûter !

 

CHAPITRE X

 

Qu'on n'aille pas croire qu'au lieu de tenir ma parole, en donnant la description de mon voyage autour de ma chambre, je bats la campagne pour me tirer d'affaire : on se tromperait fort, car mon voyage continue réellement, et pendant que mon âme, se repliant sur elle même, parcourait, dans le chapitre précédent, les détours tortueux de la métaphysique, - j'étais dans mon fauteuil sur lequel, je m'étais renversé, de manière que ses deux pieds antérieurs étaient élevés à deux pouces de terre ; et, tout en me balançant à droite et à gauche, et gagnant du terrain, j'étais insensiblement parvenu tout près de la muraille. - C'est la manière dont je voyage lorsque je ne suis pas pressé. - Là, ma main s'était emparée machinalement du portrait de madame de Hautcastel, et l'autre s'amusait à ôter la poussière qui le couvrait. - Cette occupation lui donnait un plaisir tranquille, et ce plaisir se faisait sentir à mon âme, quoiqu'elle fût perdue dans les vastes plaines du ciel : car il est bon d'observer que, lorsque l'esprit voyage ainsi dans l'espace, il tient toujours aux sens par je ne sais quel lien secret ; en sorte que, sans se déranger de ses occupations, il peut prendre part aux jouissances paisibles de l'autre ; mais, si ce plaisir augmente à un certain point, ou si elle est frappée par quelque spectacle inattendu, l’âme aussitôt reprend sa place avec la vitesse de l'éclair.
C'est ce qui m'arriva tandis que je nettoyais le portrait.

 

 

 

13 février 2013

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II- Avec ses différentes méthodes

 

 

a) un voyage clinique

 

"Moi Christiane F, 13 ans, droguée et prostituée" Kai Hermann, Horst Rieck

CF 001

 

13 février 2013

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Théophile Gautier « La pipe d'Opium »

L'autre jour, je trouvai mon ami Alphonse Karr assis sur son divan, avec une bougie allumée, quoiqu'il fît grand jour, et tenant à la main un tuyau de bois de cerisier muni d'un champignon de porcelaine sur lequel il faisait dégoutter une espèce de pâte brune assez semblable à la cire à cacheter ; cette pâte flambait et grésillait dans la cheminée du champignon, et il aspirait par une petite embouchure d'ambre jaune la fumée qui se répandait ensuite dans la chambre avec une vague odeur de parfum oriental.
         Je pris, sans rien dire, l'appareil des mains de mon ami, et je m'ajustai à l'un des bouts ; après quelques gorgées, j'éprouvai une espèce d'étourdissement qui n'était pas sans charmes et ressemblait assez aux sensations de la première ivresse.
        Étant de feuilleton ce jour-là, et n'ayant pas le loisir d'être gris, j'accrochai la pipe à un clou et nous descendîmes dans le jardin, dire bonjour aux dahlias et jouer un peu avec Schutz, heureux animal qui n'a d'autre fonction que d'être noir sur un tapis de vert gazon.
         Je rentrai chez moi, je dînai, et j'allai au théâtre subir je ne sais quelle pièce, puis je revins me coucher, car il faut bien en arriver là, et faire, par cette mort de quelques heures, l'apprentissage de la mort définitive.
         L'opium que j'avais fumé, loin de produire l’effet somnolent que j'en attendais, me jetait en des agitations nerveuses comme du café violent, et je tournais dans mon lit en façon de carpe sur le gril ou de poulet à la broche, avec un perpétuel roulis de couvertures, au grand mécontentement de mon chat roulé en boule sur le coin de mon édredon.
         Enfin, le sommeil longtemps imploré ensabla mes prunelles de sa poussière d'or, mes yeux devinrent chauds et lourds, je m'endormis.
         Après une ou deux heures complètement immobiles et noires, j'eus un rêve.
         — Le voici :
        Je me retrouvai chez mon ami Alphonse Karr, — comme le matin, dans la réalité ; il était assis sur son
divan de lampas jaune, avec sa pipe et sa bougie allumée ; seulement le soleil ne faisait pas voltiger sur les murs, comme des papillons aux mille couleurs, les reflets bleus, verts et rouges des vitraux.
         Je pris la pipe de ses mains, ainsi que je l'avais fait quelques heures auparavant, et je me mis à aspirer lentement la fumée enivrante.
         Une mollesse pleine de béatitude ne tarda pas à s'emparer de moi, et je sentis le même étourdissement que j'avais éprouvé en fumant la vraie pipe.
         Jusque-là mon rêve se tenait dans les plus exactes limites du inonde habitable, et répétait comme un miroir, les actions de ma journée.
        J'étais pelotonné dans un tas de coussins, et je renversais paresseusement ma tête en arrière pour Suivre en l'air les spirales bleuâtres, qui se fondaient en brume d'ouate* après avoir tourbillonné quelques minutes.
        Mes yeux se portaient naturellement sur le plafond, qui est d'un noir d'ébène, avec des arabesques d'or.
         A force de le regarder avec cette attention extatique* qui précède les visions, il me parut bleu, mais d'un bleu dur, comme un des pans du manteau de la nuit.
        «  Vous avez donc fait repeindre votre plafond en bleu, dis-je à Karr, qui, toujours impassible et silencieux, avait embouché une autre pipe, et rendait plus de fumée qu'un tuyau de poêle en hiver, ou qu'un bateau à vapeur dans une saison quelconque.
         —       Nullement, mon fils, répondit-il en mettant son nez hors du nuage, mais vous m'avez furieusement la
mine de vous être à vous-même peint l'estomac en rouge, au moyen d'un bordeaux plus ou moins Laffitte.
         —       Hélas! que ne dites-vous la vérité ; mais je n'ai bu qu'un misérable verre d'eau sucrée, où toutes les fourmis de la terre étaient venues se désaltérer, une école de natation d'insectes.

 

Le plafond s'ennuyait apparemment d'être noir, il s'est mis en bleu ; après les femmes, je ne connais rien de plus capricieux que les plafonds ; c'est une fantaisie de plafond, voilà tout, rien n'est plus ordinaire. »
         Cela dit, Karr rentra son nez dans le nuage de fumée, avec la mine satisfaite de quelqu'un qui a donné une explication limpide et lumineuse.
         Cependant je n'étais qu'à moitié convaincu, et j'avais de la peine à croire les plafonds aussi fantastiques que
cela, et   je continuais à regarder celui que j'avais au-dessus de ma tête, non sans quelque sentiment d'inquiétude.
         Il bleuissait, il bleuissait comme la mer à l'horizon, et les étoiles commençaient à y ouvrir leurs paupières aux
cils  d'or  ;  ces cils, d'une extrême ténuité, s'allongeaient jusque dans la chambre qu'ils remplissaient de gerbes prismatiques*.
         Quelques lignes noires rayaient cette surface d'azur, et je reconnus bientôt que c'étaient les poutres des
étages supérieurs de la maison devenue transparente.
         Malgré la facilité que l'on a en rêve d'admettre comme
naturelles les choses les plus bizarres, tout ceci commençait à me paraitre un peu louche et suspect, et je pensai que si mon camarade Esquiros le Magicien était là, il me donnerait des explications plus satisfaisantes que celles de mon ami Alphonse Karr.
         Comme si cette pensée eût eu la puissance d'évocation, Esquiros se présenta soudain devant nous, à peu près comme le barbet* de Faust qui sort de derrière le poêle.
         Il avait le visage fort animé et l'air triomphant, et il disait, en se frottant les mains :
         «  Je vois aux antipodes, et j'ai trouvé la Mandragore qui parle. »
         Cette apparition me surprit, et je dis à Karr :
         «  O Karr! concevez-vous qu'Esquiros, qui n'était pas là tout à l'heure, soit entré sans qu'on ait ouvert la porte.
         — Rien n'est plus simple, répondit Karr.  L'on entre par les portes fermées, c'est l'usage ; il n'y a que les gens mal élevés  qui passent par les portes ouvertes.  Vous savez bien qu'on dit comme injure : Grand enfonceur de portes ouvertes. »

 

[...]
         
        Je ne sais pas ou se seraient arrêtées ces extases que ne modérait plus la présence de Karr, lorsque je sentis quelque chose de velu et de rude qui me passait sur la figure ; j'ouvris les yeux, et je vis mon chat qui frottait sa moustache à la mienne en manière de congratulation matinale, car l'aube tamisait à travers les rideaux une lumière vacillante.

         C'est ainsi que finit mon rêve d'opium, qui ne me laissa d'autre trace qu'une vague mélancolie, suite ordinaire de ces sortes d'hallucinations.

 

13 février 2013

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b) un voyage mental

 

Véronique DURRUTY "ROAD BOOK Voyageurs du monde"

 

 

ROADBOOK 2 (4)

 

ROADBOOK 2 (1)

 

ROADBOOK 2 (3)

 

13 février 2013

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Frédéric Lopez « Zazie, rendez vous en terre inconnu »

 

 

 

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http://www.dailymotion.com/video/xawjao_zazie-rendez-vous-en-terre-inconnue_music.

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